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jeudi, 17 avril 2008

Blogème XXX

Certains ne sont pour ainsi dire que leur révolte. D’autres que leur soif. D’autres encore semblent descendre jour après jour en leurs plus intimes porosités. Et qui accepterait de se resserrer dans la plénitude de son propre éblouissement ?

mercredi, 16 avril 2008

À l'automne les roses

Des massifs de roses bariolent ciel et terre
Le soleil papillote au-dessus des maisons
Longeant d’un pied léger la courbure de l’eau
Le temps roule et nous porte et puis creuse son lit.

La fleur n’a qu’un printemps pour celer son fourreau
Mais nous, nul ne voudrait céder à la froidure
Un seul jour ; il faudra bien, pourtant, dire adieu
À sa femme, aux amis, à Bach et à Verlaine.

Les départs, vois-tu, c’est cette fiévreuse sève
Que nul ne soupçonnait – pas même le loriot
Ni l’enfant qui jouait au fond de la remise.

Entends-tu l’épinette, au loin, entre les haies
Les mots de la tribu ont accompli leur œuvre
Tandis que se vêtaient de taffetas les roses.

(1985)

mardi, 15 avril 2008

Blogème XXIX

Tu fermes les yeux, t’accroupis sous la fenêtre, tout contre le mur rugueux, et maintenant seule t’importe la sensation de l’astre diurne sur le cou, le visage, cette caresse d'une main sur tes mains; te voici devenu lumière, oscillante chaleur, une paix laissée à son secret dans cette pliure immense... Quels mots ensuite pour dire comment l'expérience a eu lieu?

Blogème XXVIII

Prête l’oreille à l’effondrement de ta pensée en toi, n’aie nulle crainte de répéter souvent l’opération, car c’est le plus accablant mais certes aussi le plus profitable des apprentissages. Enroulé dans ce tissu défait, tu prends la forme de Lazare, traverses le linceul grisâtre, comme une suspension du temps aux confins de l’inachevé. Ta pensée te condamnant à retomber en toi-même sans possibilité d’en sortir, c’est une autre liberté qui naît de l’abandon, sans larmes ni fausse extase, la palpitation de la vie qui se renouvelle toujours, toujours.

lundi, 14 avril 2008

Séjour immobile

Mes amis, vers quel monde obscur vous en êtes-vous allés ?
Ici, un bruissement de feuilles autour des fûts nouveaux
Rappelle vaguement la distance impalpable qui nous sépare
À présent, tout nous manque, et l’ombre invente d’autres visages
Il y a ce peu d’air qui s’affole, distrait, quelques paroles léguées
Comme une offrande pâle à la lisière lumineuse du silence.

(1998)

Visions d'un paradis

On dit qu’ils ont là-bas les yeux moins lourds
Pour voir ce que jadis leurs yeux avaient refusé de voir :
Les brumes, et puis l’or rose des pétales sur les étangs
Formant sous le ciel encre autant de lettres dormantes
Une lune chinoise au-dessus des roseaux griffus
Qui participe au temps intime des plantes et des bêtes
Enfin, certaine rumeur ou chuchotis parmi les cerisiers
Sans fleurs, effilochés, mais en même temps pleins
Comme un vieil alphabet prenant substance dans la vie
Et des monstres peureux d’oubli que nul n’avait su prévoir.

(1996)

Blogème XXVII

Tes sensations sculptent un monde qui, à l'instant où tu réalises sa présence, a déjà changé d'état. Ta pensée se heurte à une pierre dressée qui n’existe que dans ton imagination. Chaque mouvement que tu effectues pour t'équilibrer te rend à sa toilette froide. Ce n’est pas la peine d’insister sur la valeur de ce qui a pu être enduré ni simplement vécu.

dimanche, 13 avril 2008

Les bulles vivantes

Herbe-à-chat sur les balcons
Oseille au sabot des frondaisons
Le temps d’un vol de gravelot
Point déjà un soleil de bière.
Le chat safran scrute à travers persiennes
Les confins d’un muret de pierre.
Sous le banc des noces ronfle
L’époux foudroyé par le pinot.

(1989)

Poème retrouvé

Je me suis dépouillé sans détours
Pour entendre la richesse de ta voix
Mais tu ne dis mot – prise de court
Le dieu t’emporte, murmure, à travers bois.

(1989)

Blogème XXVI

C’est quand tu as fini de ronger ton os que la mort rencontre le plus sûrement la cavité de ton amour.

samedi, 12 avril 2008

Blogème XXV

Cela fait tant d’années que tu cours à travers le monde pour trouver une fontaine à ton oubli ! Mais d’abord, qu’est-ce que l’oubli, de quoi est-il donc fait ? Ni ombre ni fantôme, mais plus simplement source de l’invisible mémoire… image du soleil matinal dans une goutte de rosée… eau qui se régénère, ancienne et neuve, calme et vive, sous l’herbe où elle voyage sans bruit…

vendredi, 11 avril 2008

Blogème XXIV

Certains silences résonnent ainsi qu’un galet blanc en nous ; d’autres roulent comme des pierres aveugles à travers les strates de l’être, détruisant avec fracas toute chose sur leur passage. Ces deux silences, tu les distingueras à leur effet, tu apprendras peu à peu à les accueillir – pour les aimer – puis comment t’en affranchir.

jeudi, 10 avril 2008

Blogème XXIII

Il est des maisons où la richesse se donne à voir ; d'autres où elle tremble et reste cachée derrière les armoires. Mais partout la même vacuité habite les coeurs.

mercredi, 09 avril 2008

Blogème XXII

Qu’est-ce qui est le plus important à tes yeux ? Essaie de le définir très précisément et tâche de vivre une saison entière comme si cela n’avait jamais existé.

mardi, 08 avril 2008

Blogème XXI

Ce qu’on reçoit d’une œuvre d’art il aura d’abord fallu le lui abandonner. Accepte d’être le maraudeur et le butin, la noix et la douleur du noyer gaulé.

lundi, 07 avril 2008

Blogème XX

Plus tu luttes pour te trouver, plus cela s’éloigne, roule dans les failles de ton opacité fondamentale. Il n’y a qu’à travers tes défauts et tes effacements que tu peux acquérir un peu d’assurance. Dès lors ta vocation d’artiste prend tout son sens.

dimanche, 06 avril 2008

Blogème XIX

Lors de ta naissance, comme le monde a dû te paraître vaste… Avec tes premiers pas, il s’est encore profusément agrandi… À l’heure de l’irrémédiable clarté, au bord du noir sans retour, c’est toi qui seras devenu immense et en même temps si léger, si diminué !

Blogème XVIII

Préfère l’aveuglement au regard lorsque celui-ci gêne le passage vers l’autre rive.

samedi, 05 avril 2008

Blogème XVII

Prophète : point nodal d’agitation où l’imprudence rejoint l’impudence.

Blogème XVI

Que puis-je t’apprendre que tu ne saches déjà ? Que la lune est changeante dans le cercle de nos sanctuaires, ni trop ronde, ni trop mince, l’onde fuyante, et le plaisir ce simple éclair effacé à l’instant même de son apparition ?