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lundi, 04 août 2008

Poids des mots

I.

L’année où nous l’avons le mieux connue, c’est-à-dire
Celle de son chemin de croix, ma grand-mère vivait
Au milieu d’un jardin d’hiver, d’une serre imprévisible
De souvenirs, parmi lesquels surnageaient, çà et là, quelques regrets.
Celui, par exemple, le jour où la sage-femme lui avait dit :
« Madame, voyons ! retenez-vous, les bébés ne sont pas des jouets. »
De s’être défendue de la jeter dehors avec son baluchon d’animosités.
Les yeux remplis du bruit des vagues enthousiastes de nos royaumes
Elle lisait comme jamais : et cela se continuait dans ses pensées
Sans parler des oiseaux argentés qui s’envolaient hors de son sommeil.


II.

Pour elle, les mots se détachaient plus aisément des choses
Enfantant leurs propres voies, comme si d’avoir été usés
Ils s’étaient trouvé un habit neuf dans le vestiaire de la mémoire.
En attendant son heure qui n’arrivait pas
Elle tricotait des chaussons pour ses futurs arrière-petits-enfants
(Qu’on me pardonne : il s’agit là, bien sûr, d’une simple anecdote.)
Sa vie remontait comme un plongeur au bord de la jetée.
Elle parlait aussi de correspondances de guerre
De l’eau qu’on tire à la pompe, le soir, avec les carpes vernissées
Qui se mettent à dialoguer avec les ombres d’étoiles
Et de sensations inquiétantes attachées aux aubes élémentaires.
Elle se disait une pirogue tirée à sec sur les criques de la mer nocturne.
Alors, mais de très loin, elle évoquait cet amoureux (Jean) qui s’était morfondu
Trente-six jours – rien moins – devant l’autel du Saint-Sacrement
Étranger à tout ce qui n’était pas elle, avant de tenter de se donner la mort
D’une balle dans la cavité buccale – projectile ressorti par l’œil droit
Sans même égratigner le cerveau (mais là encore…)
Bref, il y a parfois un ange gardien pour vous chuchoter à l’oreille.
À ce point du récit, un sourire gracieux affleurait sur ses lèvres.

(2005)

mercredi, 30 juillet 2008

Proverbe bulgare

« On ne va pas en enfer pour allumer sa cigarette. »

mardi, 29 juillet 2008

Proverbe chinois

« Un bon chef de famille, c'est celui qui se montre un peu sourd. »

lundi, 28 juillet 2008

Proverbe espagnol

« Je pensais faire un signe de croix et je me suis crevé l'oeil. »

dimanche, 27 juillet 2008

Proverbe africain

« L'espoir est le pilier du monde. »

samedi, 26 juillet 2008

Proverbe arabe

« Une pierre donnée par un ami est une pomme. »

vendredi, 25 juillet 2008

Hugo von Hofmannsthal (1874-1929)

« Chaque fois que nous ouvrons la bouche, dix mille morts parlent à travers nous. »

                                                                    La Femme sans ombre

Charles Baudelaire (1821-1867)

« Être un homme utile m’a toujours paru quelque chose de bien hideux. »

                                                                           Fusées, IX.

jeudi, 24 juillet 2008

Blaise Pascal (1623-1662)

« Il y a des mots incapables d'êtres définis. Le manque de définition est plutôt une perfection qu'un défaut, parce qu'il ne vient pas de leur obscurité mais au contraire de leur extrême évidence.»

                                                                    De l'esprit géométrique

mercredi, 23 juillet 2008

Christian Bobin (1951)

« Il y a beaucoup de souffrance dans le monde et il y a, en quantité égale, beaucoup d'enfance. Ces deux matières n'en font qu'une seule. L'esprit d'enfance est insupportable au monde. L'enfance est ce que le monde abondonne pour continuer à être monde. Ce qu'on abandonne ne meurt pas mais va, errant, sans plus connaître de repos. La douleur l'accompagne. »
 
                                                                                    Mozart et la pluie
 

Malcolm de Chazal (1902- 1981)

«L'obstination est le parent pauvre de la volonté. »

                                             Penser par étapes


mardi, 22 juillet 2008

Michel Camus (1929-2003)

« Le livre n’est pas une fin en soi ; c’est le résidu d’une expérience de transformation intérieure. »

                            Propos recueillis par Lionel Destremau

 


Marc Alyn (1937)

« La parole tue les choses qu’elle désigne, mais ce meurtre les fait exister.»

                                                                  Carnets d'éclairs

dimanche, 20 juillet 2008

Blogème LXXVIII

Qui peut décider de ce qui est artistique et de ce qui ne l’est pas ? La sensibilité d’un cénacle, ses intérêts palpables, à une époque donnée ? Mais au-delà, où se situe la délimitation ? L’on ne compte plus les livres perdus avant que de naître. Il y a un pôle cosmique d’unification, c’est-à-dire un lieu vers quoi tend l’essence opérante de toute activité spirituelle, dans la perspective d’une croissance, d’un achèvement. Quand une œuvre s’impose, cela se fait la plupart du temps sans bruit et comme entre les choses. Le contraire des mœurs en somme, où tout est d’emblée tragique, boursouflé et si bruyant dans la banalité!

vendredi, 18 juillet 2008

Blogème LXXVII

Les mots sont à la fois si touffus et si respirables que cela fait de chacun de nous un spécialiste confiant de l’énigme essentielle du langage, entendez : un poète.

lundi, 14 juillet 2008

Blogème LXXVI

À l’Inconscient, cette poétique du riche, préfère la poésie, cette inconscience du pauvre.

mardi, 08 juillet 2008

Blogème LXXIV

Tu es exactement comme la vie voulait que tu sois. Méditer cette certitude te consolera en toute circonstance. Nul fantôme ne peut t’enlever ce petit fanal, cette pierre nue et rayonnante. Le reste est sans importance.

samedi, 05 juillet 2008

Blogème LXXIII

Plus nous confions nos vies à des automates, plus nous finissons par leur ressembler. C’est la même folie qui se glisse, sans compromis, dans la logique des choses...

vendredi, 04 juillet 2008

Blogème LXXII

Impossible de se séparer de la nature qui nous habite bien davantage que nous ne prétendons l’habiter. Car, tout compte fait, n’est-elle pas l’esprit en perpétuel devenir, ce qui vibre dans l’étamine de nos sensations, ce qui continue à nous alerter, jour après jour, à travers les élans de notre créativité ?

jeudi, 03 juillet 2008

Blogème LXXI

La folie douce d’avoir cru un instant pouvoir loger le monde entier dans les livres… Leur estomac de papier, aussi bien éduqué soit-il, n’amplifie que sa propre digestion.