mardi, 20 janvier 2009
Musée égyptien (Turin)
D’un commun accord, nous nous sommes arrêtés devant les sarcophages
Dont la pierre, dans cet extrême de voir,
Semblait supplier par-delà la béance du temps.
Et je t’ai accueillie dans mes bras comme on défait des bandelettes pour
Mettre à nu ce qui se confond maintenant avec la stridence de la ville.
Mouvement des lèvres – à peine une supplique.
Autour de nous, ce viol du présent (mais c’était la condition,
N’est-ce pas ?). Comme tu me serrais le poignet, farouchement,
Un insecte ailé est sorti (toutes antennes frémissantes, aussi égaré
Visiblement qu’un voyageur du temps à l’instant où
La disparition se précise) du coffre sculpté.
Une blatte, je crois – l’héritage des momies ?
Je retrouvai (d’instinct) le geste des yeux dans l’ordre imparfait du monde.
À la sortie, le rouge du ciel comme une joue souffletée nous
Accueillit, attestant que la rencontre avait bien eu lieu.
Extrait d'Éoliennes, Ed. L'Âge d'Homme, 2007
03:53 Publié dans Éoliennes, quelques courants d'air | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : poésie, turin, poème, littérature
Commentaires
J'adore ce poème qui fait voir la ville et le musée de Turin tout différemment. Vraiment superbe.
Écrit par : Laure | lundi, 15 mars 2010
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