Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

lundi, 15 juin 2009

Sylvie Bourban ensorcelle le L.A.C. à Vevey

sylviebourban.jpgHeureux les visiteurs qui ont pu entendre, ce dimanche 14 juin, au Local d'Art contemporain (L.A.C) de Vevey, le Sylvie Bourban Jazz Quartet. Emmenés avec fougue par la chanteuse et compositrice Sylvie Bourban, le contrebassiste Fabien Sevilla, Kevin Chesham à la batterie et le pianiste Asaf Finkelstein (de Tel-Aviv) ont littéralement ensorcelé la salle. Instants exceptionnels où l'on a eu l'impression de toucher au ciel en s'envolant très loin dans la quatrième dimension. Que ce soit à travers les standards, de nombreuses compositions originales, des demi-improvisations cosmiques, des morceaux de bravoure empruntés à Esbjörn Svensson (parmi d'autres), la samba ou encore un Tom Waits extrêmement émouvant, il y a en permanence chez la jeune Valaisanne une façon originale de s'approprier la texture musicale, de passer outre la technique pour faire vibrer la plus pure des émotions, celle qui transporte et va directement au coeur des choses.

Avec elle, tout devient rythme, lumière et ombre, sons amples et solaires, comme le pépiement de certains oiseaux qui nous transportent à l'aube dans un univers qui est à la fois celui de l'enfance et celui de la pleine maturité. Son monde est d'une élégance rare et raffinée, d'une folle exigence, d'une liberté étourdissante, et pourtant il parle le langage de la douleur mais aussi de la joie la plus pure, directement, sans détours, il pulse avec une énergie quasi stellaire. On notera également la belle cohésion du groupe qu'elle a formé pour l'occasion, avec un Fabien Sevilla plein de tact, un Kevin Chesham qui fulgure d'inventivité et dont la présence est sans défaut: à eux deux ils transcendent la notion de section rythmique, offrant un véritable noyau d'énergie en fusion. Une mention spéciale à Asaf Finkelstein, dont la très grande classe ne laisse pas d'étonner tout au long du concert.

Sylvie Bourban sait jouer de la pédale à distorsion comme aucune chanteuse d'aujourd'hui, et son scat nous emmène vers des bruitages absolument inusités et surprenants (claquements de langue, miaulements, chuintements, gloussements, montées vocales à la limite du cri, de l'aboiement). Son style est unique et c'est en même temps le plus ancien qui soit, parce qu'il fait appel à des forces très profondes, à des formes très savantes. Mais la chanteuse reste toujours à l'intérieur, ou derrière, ou au-delà, ou au-dessus, nous faisant passer de la tension parfaitement maîtrisée au saisissement. À ce titre, elle réinvente la musique, elle en fait un objet merveilleux, cette écharpe qui se tisse, défait et retisse d'un musicien à l'autre, se réinvente et se transmet sans cesse, à l'infini, parce que l'authenticité existe pour de bon et qu'elle a comme corollaire, bien sûr, la plus absolue des passions.

MySpace de Sylvie Bourban